La conservation de votre café

On me demande régulièrement comment conserver son café, qu’il soit en grains ou moulu. Les avis diffèrent beaucoup donc je vais simplement vous exposer pourquoi les arômes se dégradent rapidement et quelle est ma méthode. À vous de vous faire un avis sur la question 🙂

Les arômes du café sont produits lors de la torréfaction par une multitude de réactions chimiques regroupées au sein de la réaction de Maillard et de la caramélisation. Les composés aromatiques qui en sont issus sont très fragiles. Certains sont si instables qu’ils se détruisent seuls à température tempérée, d’autres par action des UVs, tous sont plus ou moins facilement oxydés. Donc, dans des conditions standards d’utilisation, l’ennemi public numéro un de votre café, en grain ou moulu, est l’eau, qu’elle soit liquide ou à l’état de vapeur. L’air est naturellement humide, plus ou moins suivant votre situation géographique ou la météo.
Vous devez donc garder votre café à l’abri de l’humidité et de la chaleur et de la lumière.

– Protection contre l’humidité :
Le café est souvent préparé dans la cuisine, or la cuisson des aliments entraine souvent une augmentation, voire une saturation de l’air en humidité. Il est donc obligatoire de ne JAMAIS laissé le café à l’air libre, laissez-le dans des paquets zippés ou des boites hermétiques.

– Protection contre la chaleur :
Ne laissez jamais votre sachet de café en bord de fenêtre, à proximité de fourneaux, ou dans des pièces à forte amplitude de température (exposition des fenêtres). Choisissez plutôt des endroits stables, comme une armoire ou une cave.

– Protection contre la lumière :
Si vous entreposez le café dans une boite transparente, il faut qu’elle soit stockée dans un endroit sombre. De même, si vous avez du café en grains, ne versez jamais tout le paquet dans la trémie. Ne mettez en trémie que votre consommation pour un à deux jours.

Vous l’aurez compris, au final, la meilleure solution, c’est de garder le café dans son paquet d’origine, dans une armoire, bien fermé grâce à son zip. Si vous n’avez pas de zip, sur le paquet, repliez-le plusieurs fois et bloquez-le à l’aide d’une pince à linge.

Pourquoi pas le réfrigérateur ?
Je ne suis pas fan de cette méthode de conservation. Elle va ralentir la destruction liée à la chaleur et à la lumière mais c’est un foyer dangereux d’humidité. Dès que vous sortez votre paquet pour vous servir des grain ou de la mouture, de la condensation va très rapidement se former à la surface du café et va complètement le dégrader. Autre problème, vous allez utiliser un café qui est une quinzaine de degrés plus froid que la température standard d’utilisation… La qualité de l’extraction est, entre autres, grandement influencée par la température d’extraction de l’eau, 1°C de différence peut entrainer de très grandes différences de rendu en tasse. Tous mes tests sont réalisés en conditions standards, plus vous vous éloignez de ces conditions moins le résultat sera garanti.

Et le congélateur ?
Le congélateur est une solution satisfaisante si vous achetez du café en grandes quantités et que vous écoulez lentement votre stock (> 1 mois). Sachez cependant qu’à la congélation, il se crée des micros fissures sur les grains (et même sur les morceaux de mouture) qui vont accélérer les phénomènes d’oxydation à température standard. Un café congelé sera très bien conservé mais aura donc tendance à « vieillir » plus rapidement une fois décongelé, il vous faut donc rapidement le consommer après décongélation.

Quel est l’impact de la date de torréfaction ?
Si vous avez bien lu jusqu’ici, vous aurez compris qu’au final, même s’il est possible de limiter le vieillissement du café, c’est un processus inéluctable (le café est un produit vivant !). Il est donc important, pour profiter au maximum de ses molécules organoleptiques, qu’il soit fraichement torréfié. Cependant, le processus de torréfaction emprisonne une grande quantité de CO2 et autres gaz dans les grains. Ces gaz interfèrent de manière importante sur l’aromatique du café dans les premiers jours après torréfaction. Les cafés préparés en filtre (ou toute autre méthode douce) s’expriment déjà très bien après 3 jours de torréfaction, alors que les extraction espresso demandent entre 10 et 15 jours. Comme vous avez pu le constater, le café Caffè Cataldi est toujours fraichement torréfié. Il est très souvent mis en sachet sans que la phase de dégazage n’ait pu être complétée (comparez votre date d’expédition et de torréfaction). La mise en sachet, à cause de la valve, limite le dégazage, je vous conseille donc d’ouvrir le paquet le jour avant son utilisation, si c’est possible.

En grains ou moulu ?
En grain. Bien sûr, investir dans un moulin a un coût. Mais vous y gagnerez énormément en temps de conservation. En effet, seul l’extérieur du grain est attaqué par l’oxydation, au contraire de la mouture qui offre une surface bien plus importante à l’oxydation. Au delà même de ce souci de conservation, lorsque vous commandez du café moulu, vous obtenez la mouture moyenne pour le type de mouture que vous avez sélectionné. Elle est très souvent éloignée de la monture que demande le couple « machine-café » (que ce soit en espresso ou extraction douce), le résultat sera correcte mais dans la majorité des cas bien inférieur à ce que vous pourriez obtenir avec une mouture parfaitement réglée.

Un petit tour par la Colombie

Alors que je pensais ne pas partir « aux origines » en 2014, je gagnai un tirage au sort de Nordic Approach, un importateur norvégien chez qui je me fournis régulièrement, qui me donna le choix entre l’Ethiopie et la Colombie. J’aurais bien pris l’Ethiopie mais je connaissais déjà une grande partie du voyage alors que la Colombie, c’était l’inconnu. Direction la Colombie, donc 🙂
Arrivés à Bogota, nous avons pris une correspondance pour Neiva, capitale de la région de Huila.

Direction Neiva !

Dès le lendemain, départ pour Garzon et l’hotel Kahvé de la coopérative CooCentral. Superbe hôtel, au service de tous les professionnels du café qui viennent dans la région à la recherche de l’or vert.

Un hôtel financé par CooCentral pour accueillir les touristes et professionnels du café

Dès l’après-midi, premiers cuppings et tout de suite une claque, la tasse numéro 7, un certain El Hospital. Morten, de Nordic Approach, me dit que si je le souhaite, je peux visiter la ferme le lendemain… Oh que oui !!!

Donc le jour suivant, direction Guadalupe, puis une petite route de terre qui part dans la montagne jusqu’à une école/infirmerie. À coté, une petite ferme au bord de la route, comme nous en avons vu des dizaines en montant… Mais non, ce n’est pas El Hospital, par contre, un petit chemin de randonnée en part et descend… descend… descend… jusqu’à arriver à un ruisseau puis remonte… remonte… remonte… pour enfin arriver à une maison en planches de bois et toit en tôle ondulée, avec une sorte de serre dans son prolongement. Les planches et la tôle, c’est la ferme El Hospital, la serre, c’est la zone de séchage du café ! La majeure partie des fermes de la région sont aussi isolées, de petites tailles (de 3 à 7 hectares) et elles sont toutes équipées d’une micro station de lavage !!!

En route pour El Hospital !
En route pour El Hospital.

Habituellement, les cafés récoltés dans la journée sont dépulpés le soir, les parches fraiches sont noyées pour éliminer les flotteurs, rincées 2/3 fois et laissées à sec dans les bacs pendant la nuit, puis à nouveau rincées dans la matinée, jusqu’à ce que la fermentation de la parche soit terminée ; elles sont alors couchées sur des patios et remuées quelques jours jusqu’à ce que le séchage soit complet, <12% d’humidité. Les parches sont alors mises en sac et amenées à pied ou à cheval jusqu’à la route puis descendues à la coopérative ou chez l’acheteur local via 4X4, camion ou transport en commun.

Malheureusement, les conditions climatiques de cette zone (averses fréquentes et fortes chaleurs) et le manque de tri entrainent une perte importante de qualité, alors que le terroir laisse présager un potentiel exceptionnel.
Pour palier à ces problèmes, CooCentral et Nordic Approach ont mis en place un programme, ouvert à tous les producteurs qui s’engagent à suivre les process imposés par NA et contrôlés par des membres de la coopérative. Ce process de production est calqué sur le travail effectué dans une ferme de la région, Finca Tamana, par Tim Wendelboe. Si les producteurs se forment, s’équipent (une enveloppe d’aide est budgétée par la coopérative) et que le café produit suivant ce programme est noté au delà de 86/100, NA s’engage à l’acheter à un prix prédéfini, revu tous les ans, et qui augmente pour chaque demi point obtenu au delà de 86.
Et ça marche ! Cela fait maintenant 3 saisons que El Hospital, entre autres, fournit des cafés époustouflants !

Le ferme El Hospital
Le ferme, vue du départ du sentier.

Le sentier qui mène à El_hospital
Le seul chemin qui mène à la ferme. Utilisé tous les jours pour le transport du café et par les enfants de Javier Pencue pour aller à l’école.

Javier Pencue (à gauche) et son frère
Javier Pencue et son frère nous expliquent comment le café est produit à la ferme et les spécificités du projet NA/CooCentral.

Javier Pencue
Derrière Javier, notez toutes les fermes à flanc de montagne, elles produisent toutes du café.

Le bac de lavage du café de El Hospital
Les cafés rapportés de la plantation sont lavés, fermentés, rincés dans ce bac.

zone de séchage
Javier, pour participer au programme, a construit une zone de séchage qui peut contenir jusqu’à 3 jours de production. Le séchage prend entre 15 et 30 jours suivant les conditions météo. C’est donc une très petite partie de sa production (qui n’est déjà pas énorme) qui constitue ce micro-lot.

Le jour suivant, nous sommes partis un peu plus loin au sud, dans la ville d’Acevedo, où FairField Trading, un exportateur spécialisé dans les cafés de spécialité, vient de mettre en place une antenne d’analyse et d’achat de café. Cette région est encore assez « sauvage », c’est à dire que la guérilla y a cessé il y a peu de temps, et on sent de suite une certaine tension dans l’air, aucun danger cependant et le séjour fut très agréable. Nous y avons gouté de très bons cafés et visité de belles fermes, ainsi que de très intéressants groupes de producteurs. Sans aucun doute, un très beau terroir à creuser dans les prochaines années.

Acevedo
Vue depuis la terrasse de l’antenne d’achat de Fairfield Trading à Acevedo. Autour, toutes les maisons sont aussi des entreprises d’achat de café en parche, et elles acceptent les parches humides. Elles utilisent des séchoirs paraboliques (de grands tambours chauffés) pour sécher rapidement le café… Le café est payé moins cher, il est plus rapidement prêt pour l’export mais il arrive mort en Europe.

Ferme à Acevedo
Du caturra dans une ferme d’Acevedo.

Après quelques jours, retour à Neiva, direction Medelin via Bogota. Et le jour suivant, direction Antioquia. C’est une région très connue pour le café mais plus par son volume que sa qualité. Cependant, comme toujours, les méthodes de production sont plus à mettre en cause que la qualité intrinsèque des grains. Le café de spécialité étant un business rentable, cette zone profite de la proximité d’une grande ville comme Medelin pour attirer les investisseurs.

Medelin by night
Medelin de nuit.

Nous avons visité une ferme, dont le propriétaire suit toutes les recommandations données par Nordic Approach et qui est capable de produire des lots aussi peu volumineux que 20 sacs suivant le cahier des charges du torréfacteur/importateur. Malheureusement pour moi (et le reste du groupe), la première soirée au restaurant du coin s’est soldée par un accident de saucisse qui nous a envoyé directement aux toilettes et qui a limité nos capacités de déplacement et de dégustation jusqu’à la fin du séjour…

Une note sur le prix de ce lot

Oui, je comprends, le prix peut paraitre haut. MAIS :
– C’est le meilleur café de Colombie que j’ai eu jusqu’à maintenant
– Le producteur touche la plus grande partie du premium
– Ce n’est pas cher pour le labeur que cela demande
– Le prix d’achat a artificiellement gonflé de 30% quand l’euro a perdu autant face au dollar

Prix d'achat de la parche révisée tous les jours
Vous trouverez ce type d’affiches devant l’entrée de tous les acheteurs de café en Colombie. Il s’agit du prix d’achat du café vert en parche pour 125 Kg de parche (soit à peu près 100 Kg de café). Le café verde est la parche non séchée si le producteur n’a pas les capacités ou le temps de la sécher). Le premium est le prix minimum assuré si le café est dans le programme et sélectionné par NA. À cette période, les prix étaient supérieurs à ceux qui prévalaient au moment de la signature du contrat, ils tournaient plutôt autour de 650 000 pesos. On pourrait facilement en conclure que le fairtrade est celui qui paie le moins mais ce tableau n’indique que le prix d’achat du café, certains programmes fournissent des aides spécifiques aux fermiers, que ce soit en matériel ou en formation.